Collectif Anti-Précarité Dordogne

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Précarité énergétique : raisons et conséquences


La précarité énergétique est une idée relativement nouvelle.


Elle résulte de différents facteurs qui s'entremêlent et qui, au bout du compte, peuvent générer différents problèmes pouvant aller jusqu'à l'exclusion sociale.


On peut définir ces facteurs par:

- des ressources financières limitées,

- des logements de mauvaise qualité thermique,

- un endettement récurrent pour conserver un confort minimum,

- une auto-restriction de confort pour éviter l'endettement.


Le droit à l'énergie, reconnu et protégé par la loi, est une composante centrale du droit au logement.


Pourtant, les dépenses nécessaires au maintien d'un certain confort (chauffage, éclairage, eau chaude, électroménager, etc...) ne cessent d'augmenter, dues au coût croissant de l'accès à l'énergie.


Depuis une vingtaine d'années, les associations caritatives dénoncent les coupures d'électricité et d'eau vécues comme une honte et une sanction violente.

L'électricité est devenue un besoin vital dont la suppression est particulièrement stigmatisante.

Le prix du logement conjugué à l'augmentation des charges et à la hausse du coût de la vie amènent souvent les ménages les plus en difficulté à un point de rupture économique.

La difficulté du maintien de l'énergie se développe paradoxalement dans un contexte de renforcement des dispositifs de protection sociale.

Les ménages concernés par la précarité énergétique sont des ménages « fragiles », allocataires du RSA, salariés précaires, personnes âgées, adultes handicapés.

Une perte d'emploi, un problème de santé, la dégressivité des prestations sociales, une rupture familiale, tous ces évènements entraînent une dégradation soudaine et brutale de la situation financière des ménages qu'un écart minime de leur budget suffit à rendre insolvables.

La précarité énergétique amène aussi de graves conséquences sur la santé et le confort des ménages d'autant qu'elle entraîne des comportements qui marginalisent encore plus les populations concernées : auto-coupure, blocage du compteur électrique, poêle à pétrole en substitution de convecteurs électriques, etc...

Chacun adopte alors des comportements totalement différents : règlements aux créanciers les plus pressants pour éviter une marginalisation, délai supplémentaire, aide financière, garder le silence et ne plus se chauffer pour éviter un endettement supplémentaire.


Les conséquences de la précarité énergétique et ses liens avec d'autres types de précarité sont nombreux.


En premier lieu, les dangers sanitaires.

L'électricité, et encore plus le gaz, sont des sources de danger.

L'occupant d'un logement vétuste qui se trouve dans une situation difficile ne fera pas le nécessaire pour mettre les installations en conformité.

Une mauvaise ventilation fera monter le taux d'humidité, générer des moisissures, dégrader les peintures.

L'humidité et le froid sont des sources de problèmes respiratoires et/ou d'allergies.


En second, une double peine.

En effet, vivre dans un logement dégradé et mal isolé entraîne une surconsommation énergétique, une facture plus importante, difficile à payer.

On peut donc parler ici d'une double peine : les ménages aux revenus les plus modestes sont ceux qui résident dans des logements vétustes, difficiles et coûteux à chauffer.

La forte dépense en énergie implique un faible budget à consacrer aux autres postes.


En troisième, des conséquences psychologiques.

Un logement dégradé constitue un frein énorme à une vie sociale et personnelle.

La « honte » et le silence réduisent très sensiblement la sociabilisation et l'élargissement des relations personnelles.


Pour conclure, et pour respecter le droit à l'énergie inscrit dans la loi, il serait nécessaire que l'accès aux différentes énergies nécessaires à un confort minimum à une vie sociale et personnelle pour les populations les plus démunies soit revu dans une optique de solidarité et de respect total des personnes.


La gratuité énergétique pour les populations démunies est un devoir pour une société moderne qui devrait s'inquiéter d'abord des plus faibles et des plus précaires.

 

Auteur : Michel Frédérico


07/02/2010
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