Collectif Anti-Précarité Dordogne

Collectif Anti-Précarité Dordogne

Le cri du précaire


Aaaaaaaaaaaaaami !

Le cri du précaire.


Ami fonctionnaire, j'entends ton dépit : Pouvoir d'achat en berne depuis des années, privatisation ou suppression de tes postes par milliers, hiérarchie piteuse, planquée et sarkophage, missions et moyens inadaptés. En ma qualité d'usager client consommateur de ton service public, j'y compatis et je le subis.

Ami du privé, je vois bien qu'entre concurrence, stress, transports, collègues et horaires harassants pour me survendre services et biens débiles, comme moi parfois tu trembles pour ton avenir, celui de tes enfants, tes parents, ta société. Tu mérites des vacances. Et d'ici là tu t'uses à rembourser tes crédits.

Ami, encore CDI ou déjà vacataire en série, je (re)connais ta souffrance au travail : salaires qui font peur, condition dégradée et menacée de faillite, restructuration, délocalisation. Moi aussi j'ai vécu ça. Et j'y reviendrais demain, inch' allah, puisque comme quelques millions d'autres ici-bas, passés quelques mois d'allocation chômage "dégraissive", je stagne désormais en "faim de droits".

Ami surdiplômé sous-employé, touchant m'est ton mérite à, tel le roseau, plier sans cesse pour échanger ce qu'il te reste de jeunesse contre un loyer. Au noir s'ils l'exigent. En chèque emploi service sinon.

Ami retraité baby-boomer, français souchifié, je te sens, au zénith ou du fonds de ta (maigre) pension, t'échauffer à tort contre jeunes et étrangers de tous États désunis sombrant, crise après crise, d'une marginalité voyante à l'invisibilité.

Ami libéral, je perçois que quand ils ne te rapportent pas en honoraires, assistés et assistants t'ulcèrent. Je te souhaite donc, à toi aussi, une santé prospère car je sais que, tôt ou tard, viendra ton heure de "profiter", peut être plus maladivement que moi, de sécurités sociales. Et de leurs filets à mailles larges.

Ami patron, Petit ou Grand, croulant sous les charges qu'entre aides publiques, exonérations fiscales et amnésie politique, tu dois encore à tes caisses sociales… et patronales ; ami rentier, ruiné en spéculant sur des Kerviel, Maddof et autres banksters censés multiplier ton argent comme par miracle dans des paradis fiscaux dont tu revenais relax et bronzé, font de nos vies un enfer...

Ami agriculteur pesticidé, Ami flic désabusé, Ami sportif dopé, Ami publicitaire à fausse Rolex, Ami artiste intermittent, Ami propriétaire à long terme, Ami prostitué, délinquant, criminel... Ami élu enfin, surfant de droite à gauche sur la rumeur pour bâtir guerres et prisons modernes, LSD THC TNT OGM TUC CES AUD AAH RMI www RSA ou bientôt ASC, ton obole m'oblige mais.... me maintient toujours et en somme dans l'indigence. Sous le seuil de pauvreté. À cran. À croc. Dépendant.


Et donc, à l'approche de la chute finale, l'ami.... tu t'interroges : hormis que tu le payes .... aussi.... Que saisis-tu de ce système qui, malgré des décennies de croissance spectaculaire et pillages accumulés, nous pousse au crime puis nous condamne à la chaîne et à perpette.... À rembourser ses dettes.... avec intérêts, parachutes dorés et bonus en prime.



Tu es précaire

La vie est précaire

L'amour est précaire

La santé est précaire

Le travail est précaire

Même Laurence Parisot

est précaire


Alors, qu'est-ce qu'on fait ?



25/04/2010
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