Collectif Anti-Précarité Dordogne

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Précarité animale



« Tout le gibier, dans la jungle, n’avait plus que la peau et les os, et Bagheera pouvait bien tuer trois fois dans la nuit pour faire à peine un bon repas. Mais le pire, c’était le manque d’eau : si le Peuple de la Jungle boit rarement, il lui faut boire à sa soif.

Et la chaleur continuait, continuait toujours, et pompait toute l’humidité, au point que la vaste lit de la Waingunga fut bientôt le seul courant à charrier encore un mince filet d’eau entre ses rives mortes ; et lorsque Haithi, l’éléphant sauvage, qui vit cent années et plus, aperçut une longue et maigre échine de rochers bleus, qui se montrait à sec au centre même du courant, il reconnut le Roc de la Paix, et, sur-le-champ, il leva la trompe, et proclama la Trêve de l’Eau, comme cinquante ans plus tôt. Le Cerf, le Sanglier et le Buffle reprirent le cri d’un ton rauque ; et Chil, le Vautour, volant en grands cercles, siffla au loin l’avis d’une voix stridente.

De par la Loi de la Jungle, est puni de mort quiconque se permet de tuer aux abreuvoirs une fois la Trêve de l’Eau déclarée. La raison en est que la soif passe avant la faim. Chacun, dans la Jungle, si c’est le gibier seul qui se fait rare, s’en tire toujours tant bien que mal ; mais l’eau, c’est l’eau, et s’il n’y a plus qu’une source de réserve, toute chasse est suspendue tant que besoin y mène le Peuple de la Jungle. »


Rudyard Kipling

« Le second livre de la jungle »



21/02/2010
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